Abdelkrim Ben Mohamed Bouallou, est né à Salé le 7 Chawal de l’an 1323/5 décembre 1905. Parmi les premiers à étudier la langue française dans sa ville natale Salé, il fréquente le lycée Moulay Youssouf de Rabat. Il fût également parmi les premiers étudiants de Salé à accéder au Baccalauréat. Il faisait partie de la jeunesse moderne de la ville. Membre fondateur du Club Littéraire Islamique de Salé, il fût son président.
Au début des années trente, il a représenté le club en compagnie du président de l’association pour la préservation du Saint Coran à Salé, Aboubakr El Kadiri, pour féliciter le Roi Mohammed V à l’occasion d’une des fêtes religieuses. Ils ont eu les grâces et les éloges du Roi.
Les archives du magazine « Daâwat al-Haqq »(دعوة الحق) des années cinquante gardent encore certains détails de cette visite :
« Le jour de l’Aïd al-Adha de l’année 1352 de l’hégire, il nous a été suggéré par un homme autorisé au palais d’amener les responsables de nos associations au palais le jour des vœux de la fête en l’absence du pacha de la ville, qui à son tour invite les notables à l’accompagner pour présenter les vœux. Il y a une condition dans ce cas, seules les personnes caractérisées par leur esprit patriotique sont invitées.
L’idée se répandit et les jeunes de Salé s’emparèrent résolument de la question. M. Aboubakr Kadiri a dirigé en sa qualité de président de l’association de préservation du Saint Coran dans la ville et M. AbdelKrim Bouallou, président du Club littéraire Slaoui, au nom de la jeunesse de la ville de Salé. La réception commença, et il était d’usage que le pacha de la capitale et ses dignitaires se présentent devant Sa Majesté pour lui rendre hommage et respect.
Les dignitaires commencèrent à quitter le Roi lorsque celui-ci appela la jeunesse de Salé représentée par MM. Kadiri et Bouallou. Ils se hâtèrent de se présenter immédiatement devant le Roi. Et ils avancèrent jusqu’aux mains de Sa Majesté. Ils restèrent assis une minute.
Et M. Kadiri représentant la ville de Salé s’est levé pour prononcer ceci : « J’apporte à Votre Majesté les félicitations et les révérences les plus sincères pour le bienheureux Eid Al-Adha, et j’espère que Dieu prolongera votre vie et améliorera les conditions du pays sous votre direction et avec vos soins jusqu’à ce que l’objectif soit atteint etc… »
Puis ce fut au tour de M. Abdelkrim Bouallou, président du Club Littéraire Slaoui, celui-ci dit : « Je présente à votre Haute Majesté les plus sincères félicitations, et je souhaite à Votre Majesté tout le succès pour prendre en main votre nation qui s’accroche à votre amour, et je vous souhaite, mon seigneur, et à votre prince héritier, tout le meilleur, la victoire et le succès ».
Le Roi s’est alors levé de son siège et a exprimé d’une voix prononcée la bienvenue à ces jeunes et sa satisfaction pour cette initiative de présentation des vœux. Le Roi s’est alors adressé au Pacha de la ville, El Hajj Mohamed Sbihi : « Et toi, Pacha, je te conseille de bien traiter les jeunes, d’être toujours à leurs côtés, de faciliter leur mission, de les aider constamment, que Dieu te bénisse et t’aide dans ta mission, communiquez mes salutations et mes sentiments à tous vos compagnons, et sachez que je suis des vôtres, à votre disposition et à vos côtés. Avancez avec la bénédiction de Dieu sans vous retarder. Dieu est avec vous. »
A Salé, une troupe de théâtre a vu le jour en 1928 sous la direction d’Abdeltif Sbihi, et Abdelkrim Bouallou est l’un de ses membres. Cette troupe a présenté un certain nombre de pièces de théâtre dans plusieurs villes marocaines ; Salé, Rabat, Casablanca, Fès et El Jadida. La pièce « Al-Rashid et Al-Baramka » a été présentée en juin 1928 au cinéma Al-Nahda à Rabat, puis plus tard à Casablanca, « Wafaa Al-Arab » et « Tariq Bin Ziyad », et des pièces comiques de Molière, et également des pièces ont été joués le jour du Trône, comme « Sabil At-Taj » en 1927, et « Bilal Yataâdab » en 1945.
En 1934, Abdelkrim Bouallou assume la présidence de l’Association des anciens élèves de l’École des notables de Salé. Cette association, comme ses homologues dans tout le Royaume, a été un berceau pour la promotion de l’apprentissage et l’acquisition des connaissances comme le début de la lutte contre le colonialisme.
À Salé, Hadj Ahmed Maâninou crée la première école nationale libre et moderne pour les filles seulement. Le local est offert par Abdelkrim Bouallou. Elle est inaugurée le 28 décembre 1946 par la princesse Lalla Aicha qui lui consacre son nom.
Abdelkrim Bouallou a également traduit vers l’arabe plusieurs ouvrages dont le voyage artistique en Égypte de la musique andalouse marocaine de l’écrivain français Alexis Chottin.
Par la suite, Abdelkrim Bouallou a occupé plusieurs postes administratifs, dont celui de rédacteur en chef du quotidien Al-Saada.
Par ailleurs, il reprend la gestion des terres agricoles de Doukkala hérité de son père El Hajj Mohamed.
Il meurt à Salé le 23 Rabii II 1378/6 novembre 1959.